lundi 8 août 2016

Dernier article

Ceci est le dernier article du blog d' Anna Lombard.
Notre mère est décédée le lundi 25 juillet à 12h des suites d'un cancer du sein qu'elle n'a pas souhaité traiter.
Dans ses dernières volontés, elle aurait souhaitée que l'on fasse vivre ce blog; ce qui est impensable puisque ce blog n'a pas de sens pour nous.
Notre mère était atteinte du délire de persécution c'est à dire d'une psychose paranoïaque.
Ceci dit, nous lui avons promis d'écrire un dernier article.
Notre mère voulait rendre hommage au personnel du service des soins palliatifs de GAP et tout particulièrement aux aides soignants.
Les aides soignants ont l'art de vous rendre votre dignité dans les petits soins du quotidien qui sont les grands soins de l'âme qui s'apprête à quitter cette terre.
Un grand merci à toute l'équipe des soins palliatifs qui a pris soin ne nous durant les derniers jours où nous étions près de notre mère.
Leur travail auprès de nous a été stupéfiant.
Pour terminer, nous souhaiterions exprimer notre désolation pour les nuisances que notre mère aurait pu  créer à travers ce blog.

Clémence et Benjamin


mardi 14 juin 2016

Du Côté de mes Tribulations


Depuis plusieurs semaines, je vis dans un EHPAD des Hautes Alpes. C’est une forme de vie communautaire où médecins, infirmières, aides-soignantes et agents de service facilitent la vie des résidents. Ce n’est pas le genre d’existence à laquelle j’aspirais, mais la vie a ses détours. Dès mon hospitalisation à Gap, on m’avait laissé entendre que je devrais envisager de rejoindre un tel établissement. Après un temps de  réflexion personnelle, quelques manœuvres et une proposition qui avait l’air de tomber du ciel, j’ai accepté. On m’avait prévenue que la moyenne d’âge était élevée. Ce que je ne savais pas, c’est que 90 % des patients présentent des troubles cognitifs ou d’Alzheimer plus ou moins sévères. La plupart est touchante dans ses égarements que j’observe, je l’espère, avec tendresse. L’ascenseur par exemple, est anxiogène. Vous êtes au 1 ou au 2 ? – Au 2 – Ah … Moi aussi … je crois – Pas du tout, elle est au 1 ! – Mais non voyons ! Je suis en formation et je dois retourner dans ma classe. Alors pour évacuer le stress, les langues se délient. Madame, on m’a pris mes chaussettes, vous ne savez pas où elles sont ? – Oh, la couleur de votre gilet est absolument ravissante. Dites-moi, vous n’auriez pas une chambre de libre pour ma petite fille ? Plus tard, la porte de la chambre s’ouvre doucement. Sans un mot, Fernand traverse la pièce et vient contrôler les huisseries de la fenêtre. Puis tranquillement, il déclare à mon adresse : - il n’y a pas moyen de négocier ? – Mais oui bien sûr. Adressez-vous au Crédit agricole Loire Haute-Loire.
Après s’être fait remettre avec brio les clefs de l’immeuble d’Autun, Clémence, Déléguée aux Affaires familiales, s’essouffle. Elle ne parvient pas à convaincre l’étude notariale d’Autun de lui communiquer les soldes des comptes bancaires au jour du décès puis l’actif et le passif de la succession. Pourtant, Benjamin et Clémence ont choisi un notaire de la Loire parmi leurs relations, conformément au souhait de leur oncle et de l’étude d’Autun qui n’ont jamais voulu accepter Maître Vieu des Hautes Alpes.
Question : Pourquoi ? Et bien parce que Maître X de la Loire (je ne me souviens plus de son nom) est disposé à faire 400 km pour me faire signer deux procurations :
  • La première pour finaliser la vente de ma part du studio de Superdévoluy à mon frère JC. Mais pourquoi, puisqu’il se déplace, ce notaire ne me ferait-il pas signer l’acte de vente (plutôt qu’une procuration) ? Parce que probablement, ma signature ne doit être apposée sur aucun acte officiel enregistré, puisque je devrais être morte. Vous suivez ? Non ? Collés samedi !
  • La seconde pour permettre à mes enfants de signer la succession de leur Grand-Mère, puisque leur mère, j’insiste, a trépassé. Quand ? Comment ? Mystère. A moins que la négociation ne donne les réponses. J’offre une visite commentée de l’EHPAD à celui ou celle qui me produira le texte de l’accord. Mais attention, je veux l’original, pas une quelconque littérature !
Et mon frère JC, touché par la grâce*, reconnaîtrait les lenteurs (!) de son notaire, au point qu’il envisagerait de confier le règlement de la succession à Me X de la Loire. Pourquoi ce changement d’attitude ? Et bien là, je ne trouve pas de réponse. D’autant que Benjamin et Clémence l’ont certainement informé que je ne signerai la procuration que lorsque je connaîtrai l’état des comptes bancaires et l’actif et le passif de la succession. Il le sait, Me X de la Loire, qu’il devra questionner le Crédit agricole Centre Est ?

*MMS et photo reçus dimanche matin : « Nous recevons à Autun les reliques de Ste Thérèse et de ses Saints Parents, Louis et Zélie Martin. Nous pensons à toi et prions très fort. Nous t’embrassons. JC ».








lundi 13 juin 2016

Un Petit Âne Gris





Quand je vivais dans le Dévoluy et qu’il m’arrivait de descendre au village, je croisais des ânes de Provence qui vivaient dans une prairie et en sous bois. Ces animaux attachants par leur regard humble et doux m’ont donné envie d’en savoir d’avantage sur leur histoire.

Environ quatre mille ans avant  J.C., les égyptiens domestiquent l’âne dont on  pense que le berceau d’origine se situe au nord-est de l’Afrique.  Plus tard, ce sont les Grecs puis les Romains qui l’acclimatent aux pays d’Europe. C’est un animal dévoué et patient qui jouit d’une grande notoriété en orient. L’occident en revanche le mésestime : l’âne subit le mépris, la calomnie, la brutalité et le labeur.

De toutes les races françaises, le petit âne gris ou âne de Provence est sans doute le plus connu. Depuis le XVe siècle, il assiste les bergers dans leurs transhumances.







Grâce à sa solide ossature et ses larges sabots, il peut porter de lourdes charges : agneaux nés en chemin, matériel et nourriture, sel pour les brebis … Affectueux, c’est un excellent compagnon pendant les longues périodes de solitude dans les alpages, où il est capable de défendre les troupeaux des attaques des grand carnivores : loups, chiens, chats sauvages. L’âne peut donner l'alerte en poussant son fameux cri "le braiement" qui se fait à l'aide des narines car il ne possède pas de cordes vocales. Clic.

 De nos jours, l’âne de Provence est souvent utilisé pour randonner, bâté ou non. C’est un animal aimable, calme, qui aime la compagnie des petites oreilles. Il affectionne la végétation sèche de type méditerranéenne et débroussaille ainsi les terrains, entretient les pare-feu.







Ses yeux cernés de brun sont veloutés, et sa robe gris tourterelle présente sur le dos, en poils plus foncés, la croix de Saint-André, formée par la bande scapulaire et la raie de mulet.






 La croix de Saint-André ou croix de Palestine, tirerait son nom de la croix en forme de X qui a servi à supplicier Saint-André.  En réalité, sur le dos de l’âne de Provence, il s’agirait plutôt d’une croix latine, symbole du christianisme qui peut se retrouver sur les ânes communs ou âne de pays, ou encore, âne accident de prairie. (Pour la petite histoire, parce que je l'ignorais (!) le mulet est le résultat d’un accident de prairie entre une jument et un baudet (âne reproducteur).

L’âne personnifie souvent la bêtise et l’entêtement, injustement, car il est en réalité bien plus malin qu’on ne le pense. « Un cheval se dresse ; un âne s’éduque. Il réfléchit et analyse les situations auxquelles il se trouve confronté » et a horreur des gens autoritaires. Il est prudent, volontaire et a de l’amour propre. Ce qui explique sans doute, la réputation de son caractère difficile.  Il adore les câlins et les blagues. Clic. 



Jusqu’au début du 20e siècle, il arrivait qu’un instituteur coiffe les mauvais élèves d’un bonnet d’âne, une punition infamante aujourd’hui interdite. Le temps passant, nous ne considérons plus l’âne comme un animal stupide. Alors il est de bon ton de prétendre que le bonnet d’âne était censé transmettre son intelligence.

De tout temps, l’âne accompagne l’homme. Il est le témoin (le souffre douleurs ?) de sa vie et de son évolution.  En témoignent les nombreuses expressions populaires ayant trait à l’animal :

  • Pour un point, Martin perdit son âne
  • Tuer son âne à coups de figues molles
  • Etre comme l’âne de Buridan
  • L’âne frotte l’âne
  • Faire l’âne pour avoir du son
  • Passer du coq à l’âne :
    • Monsieur le Coq, comment expliquez-vous votre présence dans cette expression ?
    • Et bien, comme tout coq gaulois, je vaquais, cherchant une poule …
    • Et vous, Monsieur l’Ane ?
    • Vous pouvez répéter la question ?
    • Euh … Monsieur le Coq, vous cherchiez une poule, et vous trouvez un âne : çà ne vous a pas interpelé au niveau de quelque part ?
    • Et bien, voyez-vous, je ne peux pas très bien expliquer. Sans doute une pulsion. Je l’aurais pris pour une cane, et je serais tombé sur un bec. Mais franchement çà m’étonne !
    • Pourquoi ? La taille de la zigounette ?
    • Non, les oreilles, eh patate !  (Christian).

En raison de ses particularités physiques et de sa personnalité, l’âne est aussi souvent évoqué dans les mythes, les légendes, la religion. Humble, courageux, proche des petites gens, l’animal est très présent dans la bible. Pour exemple, voir dans Nb 22 ; 21-34, le récit de l’ânesse et de son maître Balaam qui rencontrent l’Ange du Seigneur.








Un matin, Dje’ha se rend à la ville. Il attache son âne à un poteau puis entre dans la casbah pour y faire des emplettes. Quand il revient, l’âne a disparu. Dje’ha questionne les commerçants alentour, mais personne n’a vu l’âne, personne n’a vu quiconque le voler. Mais c’est une évidence : l’âne était attaché, s’il n’est plus là, c’est qu’on l’a pris.
Alors Dje’ha s’adresse un à un aux hommes qui discutent, commercent ou travaillent là, et déclare calmement : « Dites à tous ceux que vous verrez que Dje’ha veut que son âne lui soit rendu ce soir, avant la nuit. S’il ne le retrouve pas à l’emplacement où il l’a laissé, il fera ce que son père a fait le jour où on lui a volé son âne ! ». Ses interlocuteurs le regardent : Dje’ha est sérieux, tout ceci paraît être une affaire grave qui ne doit pas être prise à la légère. Et on se passe le mot : « … volé l’âne de Dje’ha … si l’âne n’est pas rendu ce soir … ce que son père a fait le jour où on a volé son âne … ».
Au couchant, Dje’ha trouve l’âne attaché à son poteau. Il hoche la tête, regarde alentour, puis chevauchant l’animal, franchit les portes de la ville. Un marchand le rattrape : « Dhe’ha ! Dis moi, qu’est-ce qu’il a fait ton père quand on lui a volé son âne ? » Sourire en coin, Dje’ha répond : « Eh bien, il est rentré à pieds ! ». (Une histoire tirée du livre de Martin Winckler).



Et pour protéger vos grandes oreilles (ânes, mulets, chevaux), le mari de Sandrine qui randonne régulièrement à cheval dans le Dévoluy, fabrique des abris de haute qualité. Demandez donc à Tornado. Clic.





N.B. : toutes les anomalies de la mise en page ne sont pas de mon fait et sont incorrigibles. Les lecteurs l'auront deviné : si je publie, c'est parce que j'ai découvert hier après midi, grâce à Clémence, que mon nouveau téléphone portable 4G permet une connexion Internet via le réseau SFR. Cool !













mercredi 4 mai 2016

Récit d'un Parcours Photographique


La nuit où je suis arrivée aux Urgences à l’hôpital de Gap après une crise de dyspnée, des radios pulmonaires ont été réalisées.

Un mois plus tard, le Médecin Responsable du Service demande de nouvelles radios pulmonaires le 3 mars 2016. Questionné, le praticien m’explique que les clichés de Gap ne sont pas dans mon dossier, qu’ils ont été perdus à Gap !

Le 9 mars 2016, un scanner est réalisé. Une ponction pulmonaire est alors envisagée, une date est fixée : le 16 mars 2016. Avant de pratiquer le geste chirurgical, une radio de contrôle permet au Pneumologue de prendre une décision : il ne ponctionne pas.

Le 21 avril 2016, de nouvelles radios pulmonaires sont demandées. Le diagnostic s’aggrave, mais le Pneumologue choisit de ne rien faire.


Le 10 mai, il est prévu que je me présente devant une commission médicale à Gap, et le vendredi 13 mai, observez combien je n’hésite pas à vivre dangereusement, je quitterai le Centre médical pour rejoindre une maison de retraite dans le Champsaur (Hautes Alpes).






dimanche 24 avril 2016

Coucou !


Puisque dès 19 heures Super DX percute grave par satellite ( !) afin que je ne puisse pas participer aux activités en soirée, je rédige rapidement quelques brèves.

Chaque semaine, je m’inscris à la sortie sans marche proposée parmi tout un catalogue d’activités. Et quand mon dos le permet, je monte dans le minibus du Centre médical. Jérôme (Gentil Organisateur) se charge de remiser à l’arrière mon déambulateur et celui de ma copine. Dès que nous arrivons, il avance les carrosses des deux Cendrillons : la copine, 80 ans, et ma pomme, 64 ans ! Et devinez quoi ? Jamais il ne nous propose d’essayer la chaussure ! Mardi dernier, nous sommes allés au petit lac d’Eygliers  où nous avons goûté sous un soleil merveilleusement bleu. Au loin, le fort de Mont Dauphin veillait, tandis que les plus jeunes faisaient le tour du plan d’eau, et que les anciens, dont je fais désormais partie (y’a des virages comme çà dans la vie), échangeaient des souvenirs : une année d’Internat en médecine passée à l’hôpital d’Autun par exemple, sous la direction du Docteur Blanc. Amis Autunois, si vous avez quelques anecdotes, pensez aux commentaires …

Une autre semaine, Joël (autre G.O.), nous a conduits jusqu’à Névache. Sur la route, nous avons observé un ruisseau, la Durance, se jeter dans la Clarée, une rivière de régime torrentiel. Et pourquoi le nom du ruisseau a-t-il été privilégié ? Et bien posez la question aux briançonnais, car moi, je n’ai pas retenu l’info. Nous avons aussi traversé Vachette, puis Val-des-Prés, le petit village natal d’Emilie Carles qui a écrit le livre « La Soupe aux Herbes Sauvages » adapté ensuite au cinéma.
Bon, je ferme mon ordinateur, car je me suis aperçue que les ondes wi-fi aggravent mon cas.
N.B. : Une nouvelle radiographie pulmonaire a été demandée. Cette semaine, je saurai si le pneumologue prévoit de pratiquer une ponction.




lundi 11 avril 2016

Affirmations



Depuis le début de l’année, j’ai rencontré plusieurs médecins qui posent le même diagnostic d’un cancer avancé, dont le pronostic vital a été revu à la hausse. Et en même temps, Youssef m’affirme par télépathie que je ne suis pas atteinte gravement même si les signes extérieurs sont spectaculaires. Il n’empêche que lorsque des médecins -dont l’un dispense des cours d’éthique à son personnel- tiennent tous le même langage avec sérieux et conviction, et bien je les crois.
Bien sûr, je me souviens qu’en 2006, une première alerte avait été annulée purement et simplement par des radiographies faites en Suisse, donnant ainsi raison à Youssef qui avait affirmé dés le début qu’il n’y avait pas d’images suspectes. A cette époque, on se voyait encore régulièrement. Mais à partir de 2008, nous ne nous sommes jamais revus.

Souvent, je lui dis qu’il pourrait vivre sa retraite sur un archipel lointain et çà ne changerait rien à nos échanges, puisque la télépathie se moque des distances. Sauf que sous les cocotiers d’une île au sable chaud, entourée par les eaux turquoises d’un lagon, la vigilance peut s’émousser.




dimanche 10 avril 2016

Plaisirs Paisibles *


Le laboratoire privé de Gap qui a analysé les prélèvements pratiqués au mois de janvier, lesquels ont confirmé le cancer, a adressé une lettre de relance pour obtenir le paiement de ses examens. Le courrier demande que je fasse parvenir l’attestation de 100 % délivré par la MSA qui doit comprendre la date de la réception des biopsies. Ainsi, le laboratoire pourra se faire régler directement.
Mais il y a un problème, car sur l’attestation ne figure pas cette date. Je questionne alors mon médecin traitant qui ne m’invite pas à signer le volet du protocole de soins qui me serait destiné. Il me conseille d’envoyer tel quel la copie du courrier d’accord de la MSA. Sans me poser de questions, j'obtempère.

Une fois par semaine, Géraldine m’accueille à l’atelier d’aquarelle, un local très lumineux dont les larges baies offrent une jolie vue sur les montagnes environnantes. L’animatrice, jeune, sympa, toute mignonne, et avertie, comprend rapidement que l’aquarelle m’intéresse pour manipuler les couleurs, utiliser pinceaux et pipette, ouvrir les petites bouteilles, touiller dans les godets de toutes sortes. Elle me recommande l’acquisition de Aquarellum « cherchez bien, vous trouverez quelques thèmes pour adultes », et Kelbojouet envoie trois tableaux à peindre, 8+ , représentant des ports de pêche bretons. Et pour me faire plaisir, j’achète un vrai coffret d’aquarelliste débutant (very débutant), où il y a plein de petits tubes que je vais pouvoir ouvrir, mélanger, mouiller.


* Titre du livre de Jane Bowles